Parolier et auteur de « fioritures », Pye Dubois (né Paul Phillip Woods) fait partie de ce groupe rare de paroliers qui ne sont pas membres du groupe auquel ils sont généralement associés comme Pete Brown et Cream ou John Perry Barlow et Robert Hunter, les sages derrières les textes de Grateful Dead.
Dans le cas de Pye, il était là à presque tous les concerts de Max Webster pour participer à l’échange magique qui se produit entre le groupe et ses fans, à apprendre la vie en sillonnant le Canada et les États-Unis, et en partageant ses impressions en écrivant les textes de certaines des chansons les plus précieuses de l’histoire du rock canadien. Comme il l’a lui-même dit pour expliquer tous ses déplacements avec Kim Mitchell et compagnie, « si je n’avais pas été sur la route avec les gars, des chansons comme The Party, Oh War! et America’s Veins n’auraient jamais vu le jour. »
Pour être plus clairs, non seulement pouvait-il écrire des textes rock ‘n’ roll sur le factionnalisme américain et le consumérisme, mais il pouvait tout aussi bien écrire une chanson d’amour tendre – mais toujours intelligente – et peindre des images colorées qui ressemblaient à des peintures avec les doigts que l’on voit aimantées sur les réfrigérateurs et dans lesquelles on finit inévitablement par découvrir des significations plus profondes.
Comme Stompin’ Tom Connors avant lui et Gordon Downie plus tard, Pye a utilisé des noms de personnes et de lieux, ajoutant et enrichissant ainsi la conscience de la culture pop canadienne, sans compter que ses paroles sur les premiers albums de Max Webster seront reproduites en anglais et en français.
Pour Max Webster, Pye a écrit certaines des chansons les plus emblématiques du groupe et qui ont beaucoup joué à la radio comme Hangover, Toronto Tontos, High Class in Borrowed Shoes, Diamonds Diamonds, Gravity, Waterline, Night Flights, Paradise Skies et l’épique collaboration du groupe avec Rush, Battle Scar. Tous les albums de Max Webster, y compris leur album « live » et le « greatest hits », ont été homologués Or par Music Canada, et « A Million Vacations » est homologué Platine.
Py a également contribué au répertoire solo de Kim Mitchell en écrivant la part du lion des textes de succès comme All We Are, Go for Soda, Patio Lanterns, Easy to Tame, Rock ’n’ Roll Duty et Rocklandwonderland. Les quatre premiers albums de Mitchell seront tous homologués par Music Canada : « Aural Fixations » a été certifié Or, « Akimbo Alogo » a été certifié Platine, « Rockland » a été certifié double Platine et « Shakin’ Like a Human Being », paru en 1986, a été certifié triple Platine, grâce au succès de l’émouvant trésor canadien Patio Lanterns.
Quant à Rush, véritable institution du rock progressif canadien, Pye a coécrit Force Ten, Between Sun and Moon, Test for Echo et ce qui est sans doute la plus grande chanson du groupe dans son catalogue de dix-neuf albums, Tom Sawyer, tirée de l’album « Moving Pictures », homologué quadruple platine au Canada et quintuple platine aux États-Unis.
Le dernier mot revient à Dubois lui-même, qui a un jour écrit dans une lettre adressée à l’auteur de ce profil pour le Panthéon : « J’ai toujours su que je n’étais pas dépourvu de talent, mais cela dit, je savais que j’étais terriblement malhabile. J’étais parti à la recherche de l’art et j’en ai aperçu une étincelle dans le groupe. Mais mes recherches manquaient de conviction et n’avaient jamais lieu durant la semaine! On “rockait” la fin de semaine et je n’étais jamais bien loin de mon cercle rapproché d’amis du monde artistique. Je n’ai jamais vécu d’épiphanie ou eu une muse sur mon épaule. Un jour, je me suis enfargé et j’ai pondu ce “poème” – je déteste ce mot – qui a suscité la consternation et l’incrédulité. C’est moi qui a écrit ça?! Impossible… Je pense que c’est à ce moment que j’ai arrêté de vivre par procuration ; j’ai découvert que j’avais quelque chose à dire et j’allais le dire dans mes textes. Quant à moi et Kim, je ne sais pas ; je pense qu’il a intuitivement aimé l’humour, la densité, la légèreté, la dextérité et la bizarrerie de la chose et il faut comprendre que c’est un vrai défi de chanter certains de ces textes tout en jouant de la guitare. Ce qu’il a fait avec certaines de ces chansons relève quasiment de la magie. »
Il poursuivra, dans une autre lettre manuscrite : « Si je me suis bien débrouillé dans les arts, c’est parce que j’ai refusé de romancer le rock “n’ roll, ce qui détonnait et apportait un vent de fraîcheur à la fois. Je m’étais donné la mission d’écrire des textes avec cette attitude. Je suis anti-romantique et anti-traditionaliste, je voulais écrire pour recevoir des mentions honorables. La foule! Je me suis dit “au diable la retenue!”, on ne parle pas de ce que je fais, mais bien de qui je suis – je suis un texte de chanson. Je suis une mention honorable. L’expérience humaine de l’évocation et de l’existence n’était pas différente pour moi de l’expérience humaine du rêve. Quoi qu’il en soit, je me suis dit que j’avais deux dons : premièrement j’ai une bonne oreille, et deuxièmement, je pleure pour un rien. »
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