Pionnière, chanteuse et animatrice, Lucille Dumont servi et porta la chanson québécoise tout au long de sa carrière.
Son travail témoigne son intégrité, tandis que sa passion et sa voix ont contribué à la reconnaissance de plusieurs jeunes auteurs-compositeurs québécois. Elle est la première à avoir interprété leurs chansons.
Avant d’amorcer sa carrière, Lucille Dumont travailla sous la tutelle de Léo Le Sieur, pianiste, organiste, compositeur et également réalisateur de l’émission Sweet Caporal. Elle y fait ses débuts professionnels le 16 octobre 1935 à l’âge de seize ans. La même année, elle obtient, à CFCF, l’animation de Linger Awhile puis de Two Messengers of Melody, accompagnée par son mentor James S. Ogilvie aux grandes orgues. Les orgues de la salle Tudor étaient impressionnants, surtout quand on y jouait du jazz, comme savait le faire Léo Le Sieur.
Vient CKAC avec l’émission Chantons en Chœur, où elle partage la vedette avec Jean Lalonde; Paris Swing où elle explore le jazz; Sans cérémonie, Café Concert Kraft et Qui aura le dernier mot, toutes des émissions qui ont profité d’une longue durée. Puis c’est au tour de Radio-Canada de lui faire signe pour les émissions Variétés Françaises, Rêverie, Sur les boulevards, Le moulin qui jazze, Le p’tit bal des copains, Connaissez-vous la musique, Tambour Battant et Hier, aujourd’hui. Elle anime presque toutes ces émissions.
Avec sa voix chaude et caressante, Mme Dumont, au début de sa carrière, puise dans le répertoire français, qui reste toujours un allié. En avril 1945, lors d’un gala pour Les Emprunts de Guerre, elle chante pour la première fois au Québec, avec Ray Ventura à la direction de l’orchestre, la chanson Insensiblement, musique et paroles de Paul Misraki, compositeur français très réputé. Insensiblement connaît un vif succès. Ventura, qui connaît la célébrité en Europe, en est également producteur. Il offre à l’interprète de la parrainer en France, mais elle doit refuser l’invitation, puisque deux mois plus tard, elle épousa Jean-Maurice Bailly, un commentateur sportif de Radio-Canada.
En 1947, elle est élue Miss Radio par les lecteurs de Radio-monde et devient la première chanteuse à porter ce titre. En 1950, à l’occasion de son 15e anniversaire de vie artistique, elle est consacrée Grande dame de la chanson par la voix de Jean Baulu, animateur à CKVL. Le titre demeure, depuis, étroitement lié à son nom, même si elle s’est toujours refusée à l’accepter. Pourtant, Mme Dumont incarne à elle seule toute une époque dans le paysage musical québécois.
Interprète nuancée et de grande classe, Lucille Dumont participe à la naissance de la télévision québécoise, puisqu’elle est du premier Variété, Café des Artistes en 1952, à Radio-Canada. Puis viendront les émissions Feux de joie, Frères d’Armes et À la romance, pendant trois saisons consécutives de hockey.
Sans oublier les 25e, 40e et 50e anniversaires de sa carrière, que l’industrie a souligné de façon précise, avec des émissions spécialement conçues pour marquer, de manière particulière, ces étapes d’une carrière résistante et tenace.
En 1957, elle remporte le premier prix au concours La chanson canadienne de Radio-Canada avec Le Ciel se marie avec la mer, écrite par l’auteur-compositeur-interprète Jacques Blanchet, artiste hélas trop méconnu. En 1962, à Bruxelles, à l’émission Chansons sur mesure, elle décroche un second prix pour Tête heureuse, toujours de Jacques Blanchet. Elle insiste pour interpréter les auteurs-compositeurs québécois en qui elle croit fermement. Elle les chante avec toute sa foi et toute sa conviction.
De 1961 à 1974, elle chante et anime Intimité, Entre nous et moi et Histoire d’une étoile, où elle reçoit les plus grandes vedettes françaises, telles que Charles Aznavour, Jacques Brel, Gilbert Bécaud, Charles Trenet et beaucoup d’autres. Puis c’est Le temps d’aimer, où elle reçoit des comédiens, des chanteurs et des fantaisistes qui en feront une émission très diversifiée et pour tous les goûts.
En 1968, elle décide de se vouer à l’enseignement, qui deviendra sa nouvelle passion. Elle ouvre L’Atelier de la Chanson, où elle offre pose de voix, diction, interprétation, gestuelle et mise en place : tout ce qui est essentiel pour devenir, avec le travail et la détermination, une interprète authentique et accomplie.
Elle a également chanté à la Comédie-Canadienne, à la Place des Arts, dans les boîtes à chansons et même dans certains cabarets sélectifs. Plusieurs Maisons de la Culture l’ont invitée à maintes reprises.
Elle fut nommée Officier de l’Ordre du Canada en 1999 et Officier de l’Ordre national du Québec en 2001.
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