Durant plus d’un demi-siècle, Lionel Daunais a été un des principaux artisans de la scène lyrique et a permis l’émergence de nombreux talents québécois.
Baryton, compositeur et parolier, puis plus tard metteur en scène, Lionel Daunais eu une influence indéniable sur la société musicale de son époque.
Après avoir étudié pendant plusieurs années le chant, le jeu, l’harmonie et la composition, Lionel Daunais remporte en 1923 le premier prix du Montreal Musical Festival, organisé par la Metropolitan Choral Society. Il fait ses débuts à l’opéra en janvier 1926 dans Mireille et, en mars, donne son premier récital à l’hôtel Ritz Carlton. Cette même année, il reçoit le Prix d’Europe qui lui permet de poursuivre ses études à Paris. En 1929, il débute comme premier baryton à l’Opéra d’Alger. À son retour au Québec en 1930, Lionel Daunais se joint aux Troubadours de Bytown, participe au troisième Canadian Folk Song and Handicraft Festival, à Québec, et adhère, quelques mois plus tard, à la Société canadienne d’opérette où il tiendra de nombreux rôles jusqu’en 1935.
En 1932, il fonde, avec Anna Malenfant et Ludovic Huot, le Trio lyrique avec lequel il se produira jusqu’au début des années 1960 et dont une bonne partie du répertoire se compose de chansons populaires nées sous sa plume. D’ailleurs, Daunais a été, avec La Bolduc, parmi les premiers à s’inspirer de la réalité québécoise. À mi-chemin entre le folklore et la chansonnette, son art, marqué par un humour irrésistible, transforme le répertoire d’ici : « Je voulais faire des chansons canadiennes et non des chansons françaises », déclare –t-il alors. Daunais restera avec le Trio lyrique jusqu’au début des années 1960.
Toutefois, les amateurs d’art lyrique se souviennent surtout de lui comme cofondateur, avec Charles Goulet, des Variétés lyriques (en 1936) où, pendant 19 saisons consécutives, la compagnie présente au Monument national quelque 102 opérettes, 15 opéras et une revue, pour un grand total de 1084 représentations. En plus de ses fonctions d’administrateur, Daunais chante dans une dizaine d’opéras et plus de 60 opérettes, tout en créant plusieurs mises en scène. L’apport des Variétés lyriques à la vie culturelle montréalaise est d’une importance majeure, car, dès leurs débuts, elles font appel aux meilleurs chanteurs, comédiens, instrumentistes et chefs d’orchestre du Québec. Il faut aussi noter qu’elles n’ont jamais sollicité l’aide privée ou gouvernementale, un exploit remarquable et pas seulement pour l’époque.
Daunais s’intéresse à tous les domaines. Auteur des paroles et de la musique d’une centaine de mélodies pour voix et piano, il écrit aussi bien des chansons pour enfants (une trentaine) que des oeuvres religieuses et profanes pour des chorales (18 oeuvres), compose cinq mélodies sur des poèmes d’Éloi de Grandmont et harmonise une quarantaine de chants folkloriques. Plusieurs de ses compositions séduisent le grand public tant au Canada qu’à l’étranger, et certaines remportent même de prestigieuses récompenses, telle la Chanson du maître cordonnier qui, en 1948, reçoit le grand prix au Concours Marly Polydor à Montréal. Il interprétera ses compositions à la radio, dans le cadre des émissions Chansons populaires (SRC, 1950), Chansonniers canadiens (CKVL, 19511956) et Les Benjamins de la chanson (CKAC, 1954).
Visionnaire, Lionel Daunais n’hésite pas à utiliser les médias pour faire la promotion de l’art vocal. Il met en scène deux séries d’opérettes à la télévision de la SRC en 1956 et 1957. Une bourse du Conseil des Arts lui permet, en 1959, de terminer un recueil de chansons pour enfants et d’aller étudier la mise en scène en Italie et en Allemagne. De retour au pays, il participe, avec le Trio lyrique, à une série de 250 émissions radiophoniques (SRC, 1961-1962) et fait la mise en scène en 1963 de l’opérette La mascotte, présentée 31 fois au Théâtre de verdure du parc Lafontaine, à Montréal. Il devient par la suite directeur artistique des spectacles produits à la Place des Arts par la station radiophonique CJMS (Montréal). De septembre à décembre 1971, il interprète plus de 140 de ses compositions lors d’une série de 13 récitals diffusés par le réseau radiophonique de Radio-Canada. La SRC lui consacre, à la même époque, une émission de télévision.
En 1972, Lionel Daunais reçoit la Médaille du Conseil canadien de la musique, décernée par ses pairs, et est invité à siéger au conseil d’administration de l’Opéra du Québec. En 1977, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal lui remet la médaille d’argent Bene merenti de patria et il est également récipiendaire du Prix de musique Calixa-Lavallée. Il devient Officier de l’Ordre du Canada l’année suivante et reçoit, à titre posthume, le Prix Denise-Pelletier en 1982. Les archives de Lionel Daunais ont été déposées à la Bibliothèque nationale du Québec.
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