Le toujours très populaire groupe rock Blue Rodeo, fondé par Jim Cuddy et Greg Keelor à Toronto, est l’un des plus importants groupes de la scène musicale canadienne depuis 1985. Ils peuvent compter, et avec raison, sur une armée de « fans » dévoués et le fait qu’ils aient été en nomination à cinq reprises – un record toujours inégalé – pour le JUNO du groupe de l’année en est une preuve, tout comme ses nombreux albums certifiés Or et Platine.
Cuddy (né en 1955) et Keelor (né en 1954) se sont connus en jouant au football dans une école secondaire de Toronto, lorsque Keelor a plaqué Cuddy au sol de façon inattendue. Cette rencontre violemment fortuite a débouché sur un partenariat fructueux d’écriture de chansons en l’espace de quelques années. C’est sans doute plutôt approprié que le groupe ait été la vedette du spectacle de la mi-temps de la Coupe Grey en 2009.
Si Keelor et Cuddy ont tous deux été profondément influencés par les Beatles et Gordon Lightfoot, Keelor a également plongé dans l’univers de groupes de rock psychédélique comme Country Joe and the Fish, tandis que Cuddy a plutôt tourné son attention vers des auteurs-compositeurs comme Jackson Browne. Après avoir formé The HiFi’s, un « groupe pop sur les amphétamines », ils se sont dirigés vers New York en 1981 à la recherche d’un nouveau son et d’une nouvelle aventure.
Après trois ans passés à perfectionner leur art, Cuddy et Keelor sont rentrés à Toronto et ont découvert une scène florissante où se produisaient des artistes à succès comme Handsome Ned, Cowboy Junkies, Jeff Healey et k.d. lang.
Blue Rodeo a vu le jour après qu’ils aient recruté Cleave Anderson, batteur et ami de leur époque New Wave, le pianiste autodidacte Bobby Wiseman, et le bassiste Bazil Donovan, qui a répondu à une petite annonce. Le nouveau groupe jouait à chaque occasion qui se présentait et sa réputation sur scène l’a amené à se produire à guichets fermés dans des salles torontoises réputées comme The Horseshoe Tavern et The Big Bop. Ils ont ensuite joué au Spectrum de Montréal et ont fait une tournée canadienne avec k.d. lang en plus de jouer une peu partout en Europe et aux États-Unis. Dès le début, le duo a écrit ses propres chansons qui étaient un mélange unique de roots country rock canadien avec des harmonies à la Beatles et des fondations rock and roll. Comme l’a déjà dit Cuddy à Tom Power de la CBC, « nous étions vraiment très roots ».
En 1987, dans le cadre d’un contrat avec Warner Music Canada, Blue Rodeo a sorti son premier album, « Outskirts », qui a connu un succès critique immédiat et sera certifié multi-Platine. Dans sa critique, le magazine Rolling Stone affirmait que « le meilleur groupe américain pourrait bien être canadien. »
L’immensément populaire ballade Try, encore aujourd’hui une des préférées des radios et de leurs « fans », a connu un succès fulgurant et s’est rendue au n° du palmarès country, au n° 3 du palmarès adulte contemporain et dans le Top 10 du palmarès des simples de RPM. Try a été le coup d’envoi d’une carrière de trois décennies durant lesquelles le groupe a été la tête d’affiche de tous les clubs, salles de spectacles et arénas du Canada.
Comme l’a confié Cuddy au journaliste Bob Mersereau, « Try a suscité une telle réaction que c’est là qu’on a compris qu’on tenait un bon filon. »
Il ne faudra que très peu de temps pour que Blue Rodeo commence à cumuler les récompenses. Ils ont d’abord reçu le Rising Star Award de l’Association de la musique country canadienne en 1988 ainsi que les prix du Meilleur nouvel artiste et du meilleur nouveau groupe de Big Country, ce qui a ouvert la voie au succès national et international de leur son country aux accents rock unique. Blue Rodeo recevra peu de temps après le JUNO du Groupe de l’année et du Simple de l’année pour « Try ». Puis, en 1990, le touchant simple Til I Am Myself Again a dominé les palmarès RPM en atteignant le n° 1 country, le n° 2 adulte contemporain et le n° 3 pop.
Le public et les stations de radio ont accueilli Blue Rodeo comme une bouffée d’air frais après les groupes glam rock qui dominaient à l’époque.
Leurs albums suivants nous ont offert des succès comme « Diamond Mine », « Lost Together » (n° 3 au palmarès pop RPM), « Five Days in July » (certifié sextuple platine), « Nowhere to Here » (n° 2 au Canada) et « Palace of Gold ». En 2007, « Small Miracles » a remporté les JUNOs du Groupe de l’année et du Meilleur album adulte alternatif tandis que l’album « All the Things That Were Left Behind », sorti en 2009, a figuré sur la liste du prix de musique Polaris.
Keelor et Cuddy ont forgé un partenariat créatif d’une longévité remarquable. Comme l’expliquait Keelor à Tom Power de la CBC, « Écrire des chansons nous a toujours fascinés. Je pense que la musique country a un côté rebelle très marqué et on s’y reconnaît. La musique country a quelque chose de très sincère. »
Cuddy a expliqué au Montréal Gazette comment son propre style d’écriture et celui de Keelor se sont mélangés pour créer quelque chose de fort et de durable : « Je puise de manière très libérale dans les choses qui touchent ma vie, mais avec le recul d’un auteur. Greg, lui, écrit de manière tellement évidente à propos de lui et de ce qu’il a vécu ; c’est la grosse différence dans nos styles d’écriture. »
Keelor et Cuddy ont tous deux poursuivi des carrières solo en dehors de Blue Rodeo mais ont toujours maintenu une alliance indéfectible avec leur célèbre groupe. Le duo a reçu le Prix national de la SOCAN, un prix du Gouverneur général pour les arts de la scène, l’Ordre du Canada, une étoile sur l’Allée des célébrités et une intronisation au Panthéon de la musique canadienne.
par Betty Nygaard King
