L’auteur-compositeur Rolf Kempf a quitté Toronto pour Los Angeles afin de donner un coup de pouce à sa carrière musicale, mais le reste de son groupe a rapidement décampé et, comme si ce n’était pas assez, on lui a volé sa guitare. C’est en repensant à ces événements, sur le bord d’une piscine et grattant une guitare qu’il avait empruntée, qu’il a créé Hello, Hooray, une chanson qui parle de se réinventer après des moments difficiles. Quelques jours plus tard, Judy Collins est passée chez lui à la recherche de nouvelles chansons pour repousser ses limites en tant que chanteuse folk. Kempf lui a donc proposé sa plus récente création. « Je suis tombée amoureuse de la chanson dès la première écoute », a d’ailleurs écrit Mme Collins dans ses mémoires.
C’est ainsi que Judy Collins, en compagnie du producteur d’Elektra Records David Anderle, a enregistré Hello, Hooray pour son album folk-pop de 1968 intitulé « Who Knows Where the Time Goes », ainsi que quelques autres classiques du répertoire canadien, dont notamment Someday Soon d’Ian Tyson et Bird on a Wire de Leonard Cohen.
Les paroles qu’a chanté Collins étaient celles de Kempf traitant de retrouver son erre d’aller lorsque vient le temps de se reprendre en main et de repartir à zéro (« Ready as a man to be born, only to be born again », librement : Prêt comme un homme à naître, mais c’est en fait une renaissance), avec une touche de mysticisme oriental et de réincarnation, dans cette vie ou la suivante. Cela devient encore plus intéressant quelques années plus tard : le rockeur Alice Cooper — mieux connu sous le nom de Vincent Furnier par ses parents — trouvait que les paroles « Let the show begin/Let the lights grow dim. » (librement : que le spectacle commence/Que les lumières se tamisent) étaient parfaites pour s’adresser à son auditoire durant ses spectacles. Il a ensuite ajouté ses propres paroles au sujet de la dynamique particulière entre une star et ses fans. Kempf, loin d’être offusqué par ces libertés, a été ravi des nouvelles paroles de Cooper. « Il a bien saisi l’essence émotionnelle de la chanson et lui a ajouté quelques mots pour la faire sienne », de dire le compositeur.
Alice Cooper a enregistré sa version arena rock de Hello, Hooray et elle est devenue la pièce d’ouverture de son classique de 1973, « Billion Dollar Babies », réalisé par Bob Ezrin (qui sera plus tard intronisé au Canadian Music Hall of Fame et lauréat de prix Juno) et mettant en vedette un solo de guitare de Steve Hunter. Warner Brothers Records a lancé la pièce en 45 tours (Warner 7673) avec Generation Landslide sur la face B. La version de Cooper a fait son apparition en 2e position de la chronique Pop Picks du magazine Billboard le 20 janvier 1973 et est montée jusqu’en 35e position du Top 40 du magazine en mars de la même année.
Hello, Hooray a connu encore plus de succès au Royaume-Uni où le simple est grimpé jusqu’en 6ème position en février 1973 et a terminé l’année en 66ème position globale. Il a également tiré son épingle du jeu au Canada en passant plus de 10 semaines sur le Top 100 des simples de RPM tout au long du printemps 1973, culminant en 18ème position, pendant deux semaines, à partir du 24 mars. L’année suivante, Cooper a ressorti ce simple sur sa compilation de succès Back-to-Back Hits. La chanteuse Meg Christian a également enregistré une version avec quelques paroles de son cru, cette fois-ci plus féministes.
La chanson a connu une carrière variée et toujours couronnée de succès, de Judy Collins qui l’a chantée au Lincoln Center en 1969 à son apparition dans le film de science-fiction « X-Men : Days of Future Past ». Elle a servi de chanson d’ouverture pour les concerts d’Alice Cooper pendant plus de 40 ans. Hello, Hooray s’est figuré sur les albums “Alice Cooper’s Greatest Hits” (1974), “The Beast of Alice Cooper” (1989), “The Definitive Alice Cooper” (2001), and “Good to See You Again, Alice Cooper” (2005). Parmi les autres groupes et artistes à avoir endisqué la pièce, on retrouve Pig (Raymond Watts) et The Frankenstein Drag Queens From Planet 13.
Rolf Kempf a lui aussi endisqué sa propre création sur ses albums, en plus de l’avoir interprétée dans différents événements sportifs tels que les jeux paralympiques de Vancouver. Rolf Kempf a étudié la littérature anglaise à l’Université McMaster à Hamilton, pour ensuite jouer au sein d’un groupe folk dans la région de Toronto et déménager à Los Angeles à la fin des années 1960. Aujourd’hui établi à Surrey, en C.-B., Kempf est un musicien qui touche au folk, à la musique du monde, au jazz et à la musique instrumentale. Il écrit encore à l’occasion en compagnie de Alan Gerber et Stephen Kalinich, un proche collaborateur de Brian Wilson à l’époque de Pet Sounds.
NOTRE INFOLETTRE
Abonnez-vous à notre infolettre pour des mises à jour exclusives sur les nouvelles intronisations et les cérémonies à venir.