Née Diane Fortin le 24 décembre 1959 à Québec – comme un cadeau que la vie a fait aux amateurs de musique –, Diane Tell est une figure emblématique de la francophonie, reconnue pour son talent d’exception en tant qu'autrice-compositrice-interprète, ainsi que pour la singularité de sa voix. Sa carrière, riche et diversifiée, s'étend sur plusieurs décennies, et est marquée par des succès qui ont traversé les frontières et les générations. Sa contribution aux chansons françaises et canadiennes est absolument indéniable.
Troisième enfant d’un père québécois et d’une mère américaine d’origine française, Diane Tell fait ses premiers pas dans le monde de la musique à l’âge de 6 ans, lorsqu’elle commence à étudier le violon au Conservatoire de Val-d’Or. À l’adolescence, elle développe une passion pour la composition et l’écriture; à 13 ans, elle chante sur la scène de son école accompagnée d’un groupe de musiciens. Comme elle le raconte elle-même, elle hérite d’un bagage musical très diversifié : son professeur de violon est portugais, son papa chante Strangers In the Night en s’accompagnant au piano, écoute Brel en pleurant et Félix Leclerc religieusement, et la famille reçoit Pauline Julien de passage à souper; si sa mère l’initie à la musique classique et à l’opéra, ses grands frères lui font découvrir le rock anglo-américain.
Déménagée à Montréal, Diane Tell fréquente les musiciens de jazz et leurs niches, et chante dans les bars de l’ouest de la ville. Elle poursuit ses études de guitare classique au Conservatoire de Montréal et de guitare jazz au Cégep Saint-Laurent, reconnu pour l’excellence de sa formation en musique. Elle y tombe amoureuse du jazz. En 1977, alors âgée de seulement 18 ans, elle lance son premier album homonyme, qui inclut onze de ses premières compositions.
C’est trois ans plus tard que la carrière de Diane Tell explose avec la sortie de l’album En flèche, certifié platine, qui comprend l’incontournable Si j’étais un homme. Cette chanson, qu’elle a écrite et composée elle-même, témoigne de son habileté à conjuguer mélodies accrocheuses et paroles profondes. Avec finesse et intelligence, elle y explore les thèmes de l’amour et de l’identité. Intronisée au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens en 2017, Si j’étais un homme s’impose comme un classique de la chanson francophone et lui vaut un succès commercial et critique à l’international.
Au fil des années, Diane Tell continue d’enrichir son répertoire avec des albums tels que Chimères (1982), Faire à nouveau connaissance (1986), et Désir Plaisir Soupir (1996). Chaque projet est l’occasion pour l’artiste de réaffirmer son talent de mélodiste et son don pour l’écriture, traitant de sujets variés avec sensibilité et perspicacité.
Des titres comme Gilberto (1979), Souvent, longtemps, énormément (1982) et Miami (1980) démontrent sa capacité à se renouveler artistiquement et à aller chercher de nouveaux publics. Pour son album le plus personnel, Popeline (2005), qu’elle réalise et produit, la mélodiste se surpasse, alors que l’auteur et l’interprète ont mûri. Elle crée Haïku en 2019, un album remarquablement actuel de chansons originales, réalisé par le rocker québécois Fred Fortin.
Durant sa fructueuse carrière, elle a lancé une douzaine d’albums de chansons originales, un album d’adaptations inédites par Boris Vian de grands standards de jazz, une comédie musicale, Marilyn Montreuil, coécrite avec Jérôme Savary et dans laquelle elle tient le rôle-titre (plus de 180 représentations), et compte à son actif une vaste quantité de participations et de collaborations, dont celles, remarquables, à la comédie musicale Je m’voyais déjà, un livret de Laurent Ruquier autour des chansons de Charles Aznavour, ainsi qu’à La légende de Jimmy de Michel Berger et Luc Plamondon (1990).
En plus de sa carrière musicale, Diane Tell fait de la radio à France Inter (une série de 45 émissions sur des femmes d’exception), partage notamment son expérience et sa passion pour la musique avec le public et les jeunes musiciens dans son blogue. Sa présence sur les réseaux sociaux et son engagement dans des causes sociales démontrent son désir de rester connectée avec son époque et d’utiliser sa voix pour le bien commun. Productrice et éditrice autonome depuis l’album Chimères (1983), Diane Tell a aussi très tôt compris l’importance de rester libre et indépendante. Proactive devant les profonds changements dans l’industrie musicale, elle crée en 2010 sa propre maison de disque. Enfin, attirée depuis toujours par la photographe, elle devient vidéaste et alimente régulièrement sa chaîne YouTube, qui compte plus de 26 000 abonné·es et 26 millions de vues.
Le parcours de Diane Tell est jalonné de prix et de distinctions qui reconnaissent son apport significatif à la musique : récipiendaire d’une Victoire de la musique en France pour l’album Faire à nouveau connaissance de six Félix avant ses 25 ans, en plus d’être en nomination quinze autres fois, elle est aussi nommée Chevalière des arts et lettres de France en 2023.
Au fil des décennies, Diane Tell a su rester pertinente et appréciée du public grâce à sa créativité intarissable, à son don pour toucher les cœurs et à éveiller les consciences, ainsi qu’à sa capacité à évoluer tout en préservant l’essence de son art.
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