L’incontournable chanson « Vivre dans la nuit » du groupe Nuance sera intronisée au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens le mardi 10 août à 21h lors de l’émission BONSOIR BONSOIR sur les ondes d’ICI télé. Pour l’occasion, la chanson sera interprétée par Fanny Bloom et Patsy Gallant en présence de Sandra Dorion.
Écrite et composée par le groupe composé de Sandra Dorion (voix), Denis Lalonde (guitare), Mario Dubé (claviers), Daniel King (batterie) et Mario Laniel (basse), « Vivre dans la nuit », qui a passé 16 semaines au #1 du palmarès, est un hymne pour les noctambules qui se résignent à leur sort, une complainte rock gorgée de désillusion. Lorsque Nuance lance Vivre dans la nuit en 1984, c’est tout un pan de la population active qui se sent interpellée par les paroles. Les gardiens de sécurité dans les tours à bureaux vides, les barmans qui ont pris un shooter de trop avec les clients avant le close, les danseuses qui ont dû composer avec le pire dans l’isoloir, les chauffeurs de taxi qui, trop souvent, épongent les restes d’une soirée trop arrosée sur leur banquette arrière. Les gens à qui, habituellement, les poètes ne pensent pas.
Vendu à 88 000 d’exemplaires, au creux d’une période difficile pour l’industrie de la musique francophone dans la Belle Province, le 45-tours de Vivre dans la nuit permettra aux Gatinois de loger pendant plusieurs semaines au palmarès. Pas mal, pour une chanson écrite sous pression. « En 1983, on est entré en studio rapidement parce que notre chanson Amour sans romance avait quand même connu du succès sur les palmarès, se souvient Sandra. Très vite, on nous a demandé de réécrire un hit ».
L’album Vivre dans la nuit sortira plus tard en 1984, incluant, outre la pièce-titre, les succès « Libre » et « Sans être aimée ». Si le public adore et entonne les mots face à la scène en concert, l’intelligentsia d’alors se moque vertement de la prose des cinq paroliers originaires de l’Outaouais. La rançon de la gloire, sans doute. Sandra Dorion, aujourd’hui réorientée vers l’enseignement au primaire, se remémore les critiques acerbes de Nathalie Petrowski et des autres chroniqueurs avec un pincement au cœur. « On a été très jugés au niveau de la langue. Moi, je suis anglophone à la base. Je viens d’Aylmer, j’ai enseigné l’anglais… On m’a demandé de chanter et d’écrire en français avec un groupe qui, quand même, était francophone. […] Évidemment, on a une des maladresses au niveau de l’écriture. J’en conviens aujourd’hui, je le reconnais ». Maladresses ou pas, leurs mots résonnent fort. L’interprétation, sentie et vive, marque durablement les esprits.
Plutôt que de se laisser miner par les mauvaises langues, les membres de Nuance s’accrochent à leurs deux nominations aux Prix Juno et aux trois prix remportés au Gala de l’ADISQ: Découverte de l’année en 1986, 45-tours le plus vendu et Groupe francophone de l’année en 1987. Nuance lance l’album Journal intime, un dernier effort paru en 1988 qui sonnera le glas des carrières musicales de tout le monde. Ou presque.
Seul Mario Dubé continuera sa route dans le milieu du spectacle, notamment à titre de directeur de tournée. Sandra, elle, s’autorisera un bref retour avec le disque Sandra telle quelle en 2011, avant de définitivement faire une croix sur sa vie d’artiste. Mario Laniel est à présent informaticien au gouvernement, Denis Lalonde vend aujourd’hui des assurances et Daniel King s’est ouvert une garderie. Plus personne, à ce jour, ne vit dans la nuit. Les membres de Nuance travaillent pour leurs gagne-pains, ils ont des jobs comme tous les autres.
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